
Harriet Tubman : L’ombre qui guidait vers la lumière
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1849, une nuit sans lune.
Les bruissements du vent caressaient les champs de coton tandis que les branches des cyprès frémissaient sous le poids de la nuit. Harriet Tubman, accroupie derrière un vieux chêne, scrutait l'obscurité. Son souffle était court, non pas de peur, mais d’anticipation. Derrière elle, six silhouettes tremblaient, prêtes à tout quitter pour la liberté. Elle posa une main ferme sur l'épaule de la plus jeune, une fille à peine âgée de dix ans dont les grands yeux reflétaient un mélange de crainte et d’espoir.
— « Suivez-moi, et ne vous arrêtez sous aucun prétexte. »
La route était longue. Chaque bruissement de feuille, chaque craquement sous leurs pas pouvait être une condamnation à mort. Les chasseurs d’esclaves rôdaient, les affiches promettant une prime pour sa capture placardées dans chaque ville. Mais Harriet était plus maligne qu’eux. Elle connaissait les chemins secrets, les passages oubliés, les planques des abolitionnistes.
La première halte était une cabane abandonnée, où un allié leur avait laissé un peu d’eau et du pain sec. Harriet ne dormait pas. Elle écoutait. Elle attendait. Le moindre aboiement pouvait signifier une descente des chasseurs d’esclaves. Le danger rôdait à chaque instant.
Ils reprirent la route avant l’aube. La petite fille pleurait en silence, exténuée. Harriet se baissa et murmura à son oreille :
— « Pleurer ne nous mènera pas au Nord, ma fille. »
La fillette hocha la tête, ravala ses larmes et continua. Chaque pas était un défi. Ils traversèrent des rivières glaciales, se cachèrent sous des branchages, rampèrent à travers les marais infestés de serpents. Mais jamais Harriet ne faiblit. Elle portait en elle une détermination plus forte que toutes les chaînes qu’on lui avait un jour imposées.
Après plusieurs jours d’errance, affamés, épuisés, ils aperçurent enfin la première lumière du Nord. Ils étaient libres.
Harriet se retourna et regarda les visages marqués par la fatigue et l’émotion. Elle savait que son combat ne faisait que commencer. Tant d’autres étaient encore prisonniers de l’injustice. Et elle, Moïse du peuple noir, retournerait encore et encore dans l’enfer du Sud pour leur montrer le chemin de la liberté.
Harriet Tubman ne s’arrêta jamais. Elle fit plus de 13 missions clandestines, libérant plus de 70 esclaves, risquant sa vie à chaque voyage. Elle devint espionne pour l’Union durant la Guerre de Sécession, menant des opérations secrètes pour affaiblir les Confédérés. Jusqu’à son dernier souffle, elle resta fidèle à son serment : arracher les siens aux chaînes et leur offrir un avenir digne.