
J’étais un homme libre sur la terre de mes ancêtres et je suis devenu un esclave
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Introduction : Un devoir de mémoire
Cet article a pour but de préserver la mémoire et d’informer sur une partie sombre de l’histoire de l’humanité. Loin d’être une simple narration, il cherche à faire ressentir les émotions et les épreuves vécues par les millions d’hommes, de femmes et d’enfants réduits en esclavage.
Loin d’une fiction, cette histoire est basée sur des faits historiques, décrits avec la force du témoignage et de l’immersion. Elle vise à sensibiliser, éduquer et honorer la résilience de celles et ceux qui ont enduré l’indicible.
⚠️ Avertissement de contenu : Cet article traite de sujets sensibles liés à l’esclavage et peut heurter certaines sensibilités. Il est destiné à l’éducation et à la réflexion.
Quelque part en Afrique, 18e siècle.
Je courais. Mes pieds nus foulaient la terre rouge de mon village. Mon souffle était court, mes jambes tremblaient. Ils sont venus.
Le ciel semblait brûler, la fumée montait des huttes incendiées. Les cris de mes frères et sœurs résonnaient dans la nuit. Ils nous ont pris comme on capture des bêtes, des cordes nouées autour de nos cous, de nos poignets.
Mes mains ne pouvaient plus toucher la terre qui m’avait vu naître. Je n’étais plus un homme.
La Porte du Non-Retour
Nous avons marché des jours, sous un soleil impitoyable. La faim, la soif, la peur… Puis, je l’ai vue. La mer. Immense, infinie. Devant elle, une arche de pierre. La Porte du Non-Retour.
Autour de moi, d’autres esclaves enchaînés, des enfants aux yeux vides, des mères sans larmes. Les plus faibles tombaient, on les laissait là, morts sous le soleil.
On nous a fait entrer dans un fort. Dans l'obscurité des cellules, l’odeur de l’urine, de la sueur et du sang m’a pris à la gorge. Nous étions des marchandises.
Puis, ils nous ont poussés vers un bateau. Le négrier.
La traversée de l'enfer
Je n’ai plus vu le ciel. Seulement du bois au-dessus de moi, du bois tout autour.
Nous étions entassés dans l’entrepont, serrés comme du bétail. Les fers aux chevilles, aux poignets. La mer grondait. La puanteur de la maladie et de la mort remplissait l’air. On ne pouvait pas bouger. On ne pouvait pas respirer.
Certains toussaient, d’autres vomissaient. Les plus faibles étaient pris de fièvre. Lorsqu’un corps devenait trop froid, trop faible, les négriers ouvraient une trappe et le jetaient dans la mer. Nous entendions les requins.
Parfois, l’un de nous hurlait, appelant sa mère, son dieu, son pays. Le fouet répondait.
J’ai voulu mourir. Mais la mort m’a refusé.
La mise en vente
Le bateau a touché terre. Un sol étranger.
On nous a fait sortir à la lumière. Nos yeux pleuraient de douleur. Les chaînes toujours aux pieds, les fers brûlants.
Sur une place, des hommes blancs nous observaient. Ils nous touchaient, ouvraient nos bouches comme on examine un cheval. « Fort. Résistant. Bon pour les champs. » J’étais un produit.
On m’a vendu.
La plantation
L’aube apportait les ordres. Le fouet claquait avant même que le soleil ne se lève.
Les champs s’étendaient à perte de vue. Le coton déchirait nos doigts. La canne à sucre nous brûlait la peau.
« Plus vite ! »
Un esclave est tombé. On l’a relevé à coups de fouet. J’ai appris à ne pas regarder.
Dans la maison du maître, certains avaient plus de chance. Les femmes à la peau claire servaient dans les salons, leurs mains ne touchaient pas la terre. Mais elles touchaient le lit du maître.
Les nourrices, les domestiques… Elles souriaient devant lui. Mais la nuit, elles pleuraient.
L’espoir d’un jour libre
Chaque nuit, mes chaînes me rappelaient qui j’étais devenu. Mais mon cœur refusait d’oublier. Je rêvais encore du vent chaud d’Afrique, des chants de mon village, des bras de ma mère.
Un jour, ces chaînes tomberont. Un jour, mon peuple marchera libre.
Mais ce jour n’est pas encore venu.