
Je suis Thomas Sankara – La Révolution trahie
Share
L’enfant de Yako
1949, Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso).
Je suis né dans une terre de poussière rouge et de soleil implacable. Une terre de traditions, de contes murmurés sous la lumière des feux de camp. Mon père était gendarme, rigide et silencieux. Ma mère, douce mais forte, me chantait les histoires des guerriers Mossi qui avaient autrefois protégé notre peuple.
J’étais un enfant curieux, avide de comprendre pourquoi nous étions pauvres, pourquoi notre terre nourricière semblait nous trahir, pourquoi les Blancs nous regardaient comme des ombres dans un monde qui ne leur appartenait pourtant pas entièrement.
À l’école, j’étais un élève brillant. Je voulais lire, tout savoir. Les livres étaient mon premier souffle de liberté. Mais très vite, la réalité me rattrapa : notre pays n’était pas libre.
Un soldat pas comme les autres
1970, Académie militaire.
J’ai choisi l’armée non pas pour obéir, mais pour comprendre le pouvoir. J’ai vu l’uniforme comme une arme, une opportunité de changer le destin de mon peuple. Loin des traditions, je me nourrissais des idées révolutionnaires : Marx, Lénine, Che Guevara... Ces hommes avaient osé briser leurs chaînes, pourquoi pas nous ?
Là-bas, j’ai rencontré Blaise Compaoré. Un frère d’armes. Un homme en qui j’avais confiance, avec qui j’échangeais sur nos rêves d’un Burkina libéré de la misère et de la dépendance.
Mais je ne savais pas encore que la trahison naît souvent dans l’ombre de l’amitié.
Le Président du peuple
1983, Révolution.
J’avais 33 ans lorsque j’ai pris le pouvoir. 33 ans, l’âge où l’on dit que certains meurent pour leurs idéaux.
J’ai rebaptisé notre pays : Burkina Faso, la Terre des Hommes intègres.
J’ai refusé les costumes coloniaux, préférant un simple uniforme, une guitare à la main, des discours pleins de feu. Je voulais l’indépendance réelle. Pas une indépendance de papier, mais une liberté ancrée dans la dignité de chaque Burkinabé.
✅J’ai refusé l’aide occidentale. Nous n’étions pas des mendiants.
✅ J’ai redistribué les terres aux paysans. La terre devait appartenir à ceux qui la travaillaient.
✅ J’ai lancé des campagnes de reboisement et de vaccination. Le peuple devait être fort, éduqué, sain.
✅ J’ai réduit mon salaire et interdit les privilèges du pouvoir. Nous devions montrer l’exemple.
J’étais aimé par mon peuple. Mais haï par ceux qui profitaient de l’ordre établi.
La trahison
1987, une salle sombre.
On me murmura que Blaise préparait quelque chose. Mon frère d’armes. Mon ami. Je refusais d’y croire.
« Sankara, protège-toi. »
Je souriais. Un révolutionnaire n’a pas besoin de protection.
Le 15 octobre, je suis entré dans le Conseil de l’Entente. Ils étaient là.
J’ai entendu les balles avant de sentir la douleur. Mon corps tomba, mais mon esprit était déjà loin. Je pensais à mon peuple. À leurs visages. À l’Afrique que je voulais construire. À ce que Blaise venait de tuer.
L’Héritage
Ils ont enterré mon corps, mais pas mes idées.
Aujourd’hui encore, mon nom résonne dans les rues du Burkina Faso, dans le cœur de chaque Africain qui rêve d’un continent libre, debout, fier.
Je suis Thomas Sankara. Je suis mort, mais la révolution est immortelle.